Aller au contenu principal

La motivation intrinsèque : un piège à la performance ?

Soumis par Alain Vanderbeke le

Depuis que la motivation est devenue un sujet central dans l'optimisation de la performance, de nombreux articles mettent à l'honneur la motivation intrinsèque comme levier fondamental de réussite.

Mais sommes-nous bien d'accord sur la définition de la motivation intrinsèque ?

Qu'est-ce que la motivation intrinsèque ?
En version courte, la motivation intrinsèque représente le plaisir dans l'action. C'est le fait de prendre plaisir à faire quelque chose sans en attendre rien d'autre. C'est faire les choses pour le plaisir.

Je ne sais pas pour vous, mais moi, lorsque je prends plaisir à faire quelque chose, j'aime prendre mon temps, j'aime faire durer le plaisir. Et c'est bien naturel puisque c'est la principale source de ma motivation.

J'aime dessiner, j'aime écouter de la musique, j'aime cultiver mon jardin. Toutes ces choses, je les faits avec plaisir, sans m'inquiéter du résultat. Le temps n'existe pas. Et si je n'aime pas nettoyer mes pinceaux, ou si j'oublie d'éteindre la chaine hifi, cela n'a aucune importance puisque je fais les choses pour moi, pour mon bon plaisir.


Alors vous me voyez venir avec mes gros sabots. Comment concilier motivation intrinsèque et entreprise ? Comment profiter du plaisir de faire pour augmenter la performance ?
 

Et bien, je plaide pour que l'on arrête de s'en inquiéter. Et je plaide pour que l'on se focalise sur la motivation extrinsèque.
Quoi ? Le «bâton-carotte» ? Non, pas tout à fait !
 

En approfondissant la théorie développée par Deci, on découvre qu'il n'y a pas qu'une seule sorte de motivation extrinsèque. En générale, on la caricature par le pouvoir du management sur l'employé, par la pression de l'organisation sur la qualité et la performance du résultat.
Deci identifie cette motivation extrinsèque dans la catégorie «régulation externe». C'est en effet une motivation qui est régulée par un agent extérieur à l'individu lui-même. Le manager par exemple, ou la famille, les amis, les professeurs, etc.

À contrario, il existe une motivation extrinsèque qui est régulée par l'individu lui-même. Deci l'appelle «identifié» ou «intégrée», je la résumerais par «régulation interne». L'individu a du plaisir au résultat de son action. Il est fier de ce qu'il a réalisé.

Et c'est pour cette motivation-là que je plaide en entreprise. La motivation extrinsèque à régulation interne, c'est-à-dire le plaisir et la fierté du travail accompli. Non pas une valorisation par un badge, ni une prime exceptionnelle, mais bien le sentiment d'avoir accompli quelque chose d'utile, quelque chose de beau, quelque chose de grand. Et si pour y arriver, il a fallu faire des choses moins amusantes, difficiles ou épuisantes, c'est pour ce résultat que la motivation extrinsèque à régulation interne s'est dépensée.
 

Alors certes, «motivation extrinsèque à régulation interne» n'est pas du tout vendeur. C'est trop long, ça a l'air compliqué, personne n'en voudra. C'est vrai. Peut-être alors, faudrait-il revenir à des mots plus simples, des mots porteurs de sens, des mots comme «fierté», comme «estime de soi»,  comme «gratitude».
Et si en plus, il est possible de l'associer à une équipe, à une collaboration, à une culture d'entreprise, nous aurons fait un grand vers plus de motivation en entreprise.

Étiquettes